Les mondes de la généalogie Colloque international d’Angers
Diffusions et transformations d’une pratique amateur à l’échelle
transnationale.
Séance 4 : Les généalogies et les institutions :
pratiques, ressources, histoires.
Intervenant : Joffrey LIÉNART[1]
« A la fin des années 1930,
on assiste à un regain d’intérêt pour la généalogie en Belgique. A la même
époque, se forment deux écoles de généalogistes : d’une part, l’école de
la généalogie dite « historique », liée à la noblesse, et l’école de
la généalogie dite « scientifique », issue des idées germaniques,
plutôt réservée à la bourgeoisie. La communauté des généalogistes entre
1911-1914 est très faible.
Pendant la deuxième guerre mondiale,
les deux écoles s’institutionnalisent en deux associations nationales : d’abord,
en 1942 se crée l’Office Généalogique et Héraldique de Belgique, suivi de près en
1944 par le Service de Centralisation des Etudes Généalogiques et Démographiques
de Belgique. Les deux associations s’affrontent à différents niveaux. Elles ont
des idéologies et des clients différents pour des sociétés concurrentes.
L’une promeut l’héritage symbolique
de la famille comme lignes de conduite pour les descendants. Le club est donc
pour la noblesse.
L’autre, la SCGD tente d’apporter
des réponses à la décadence sociétale, liée au problème démographique, en
tirant des enseignements du passé. Le club est pour la grande bourgeoisie. LE SCGD,
dont Joseph JACQUART et quatre confrères se rassemblent dans des restaurant,
des cafés, jusque dans les années ’60. Leur but, venir en aide aux
généalogistes amateurs sans distinction sociale, philosophique ou raciale. Ils
souhaitent la promotion et la centralisation des études généalogiques et
démographiques. Ils proposent un centre de documentation, des cours et
participent à des expositions.
L’éternel combat de la noblesse
contre la bourgeoisie avec des réseaux bien formés. Chacun a des idéologies et
des conceptions bien différentes. La fusion est impossible à cause des particularismes.
L’après deuxième guerre mondiale,
est marquée par la renaissance de la généalogie. Le contexte politique est
favorable, il y a suprématie de l’eugénisme, et une propagande est faite pour
la généalogie.
A la veille du boum des années ’70,
l’opposition entre la noblesse et la bourgeoisie est toujours bien présente. En
1966-1967 : le prince Alexandre de MERODE, président de l’Office, invite
les sociétés généalogiques à se rapprocher et c’est en 1970, qu’est crée la
Fédération composée de l’Office, des Archives Verviétoises, de la Société des
Bibliophiles liégeois, du Musée de la Dynastie, de l’Association des Demeures
historiques, de l’Association des descendants des lignages, etc.
Quelques mois plus tard, la Confédération
internationale comprenant la Belgique, la France, les Pays-Bas, la Suède et la
Suisse est créée. (La SCGD n’en devient
membre qu’en 1987).
[1] Joffrey
LIÉNART est diplômé de l’Université Libre de Bruxelles. Dans le cadre de son
mémoire de Master, il a réalisé une étude inédite sur le monde des
généalogistes belges de 1830 à 1970. Par la suite, il a été archiviste pour les
Archives Générales du Royaume de Belgique et pour la Commission Européenne. Il
est actuellement doctorant au Centre d’étude des religions et de la laïcité de
l’Université Libre de Bruxelles.
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