Les mondes de la généalogie Colloque international Université d’Angers 2019
Séance 2 : Faire et transmettre sa généalogie :
statut et enjeux des connaissances
Maylis SPOSITO-TOURIER[1]
Que peut apporter l’analyse de
généalogies ordinaires dans l’appréhension de mobilité professionnelles et de
transmissions familiales ? Cette méthode a été utilisée afin d’étudier la
trajectoire de 27 individus, soit 8 hommes et 19 femmes entrepreneur.e.s, s’étendant
sur quatre générations parfois cinq et de
recenser l’ensemble des membres de la famille y comprend les alliés. Les femmes
ont répondu majoritairement à la proposition d’associer leur étude généalogique
à leur trajectoire. La comparaison
systématique des arbres a permis d’analyser la manière dont s’agencent les
liens -entre ascendants, descendants et collatéraux- et se transmettent les
biens- professionnels et symbolique au sein de la cellule familiale ».
Il a été constaté que pour la
circulation des entreprises, la transmission se faisait pratiquement tout le
temps du père vers l’aîné de la famille ou à la benjamine à qui il a été
demandé de quitter son travail pour reprendre l’entreprise familiale. Si c’est
la mère qui est à la tête de celle-ci, le transfert se fait pratiquement tout
le temps vers le fils.
On a pu remarquer en analysant
tous les acteurs de l’arbre, que ce caractère d’indépendance est un ethos
(habitude, manière d’agir) qui mène à la disposition des membres de la famille vers
l’entreprenariat. Donc on peut voir des fondateurs d’entreprises l’ayant
transmises sur plusieurs générations masculines. Lorsqu’il s’agit de descendantes
filles, il s’agit souvent des aînées de fratrie.
Revenons à la transmission par le
père de l’entreprise, on s’aperçoit que souvent les filles sont mises à l’écart,
dans la famille, elles sont dépossédées par les frères. Et si les parents n’ont
que des filles, il est tout à fait possible qu’il y ait une rupture de la
transmission.
Grâce à l’utilisation de cette méthode
de généalogie, l’arbre a été coconstruit avec un investissent personnel des
entrepreneurs, ce qui a permis d’aller au-delà de la relation de questionnement
simple des vivants et a permis de renvoyer à de multiples données. Les
personnes ayant collaborées à la construction de l’arbre avaient la
connaissance que dans la famille, élargie ou non, il y avait d’autres
entrepreneurs mais ne l’avait pas visualisé comme on peut le faire après avoir monté
un arbre. Beaucoup ont été très surpris de découvrir cet aspect.
Elle a permis de comprendre la
trajectoire de transmission et les modalités de celle-ci. Elle a également
permis de comprendre les créateurs d’une nouvelle entreprise dont la procédure se
révélait différente dans la transmission, l’action de création, permettait de
faire une économie de don.
Pour conclure, à la lecture de l’arbre,
on visualise comment les liens de transmission se sont agencés.
[1] Maylis
SPOSITO TOURIER est docteur en sociologie et ingénieure de recherche au
laboratoire de sociologie et d’anthropologie de l’université de Bourgogne
Franche-Comté. Ses travaux de recherche portant sur la transmission
intergénérationnelle (des entreprises, de l’ethos indépendant, des
exploitations agricoles, des représentations, des savoirs…) par le biais d’une
approche socio-anthropologique.
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