Une histoire de Noël


Mon âme d’enfant aime particulièrement les fêtes que l’on célèbre par des contes, autant Pâques, que Saint Nicolas et celle de la Nativité. Il y a peut-être là un certain atavisme, avoir entendu raconter les récits familiaux, leurs a donner une charme supplémentaire. Alors voici une histoire, qui raconte comment je descends du père NICOLAS et aussi du père NOËL, les deux à la fois et elle est certifiée authentique.

L’année s’est écoulée et décembre est arrivé, les enfants comptent les jours sur les doigts de leurs petites mains. Entre Ardennes et Gaume, depuis la Toussaint, les petits s’emmitouflent d’écharpes, de gants et de bonnets, les chaussures sont trempées car sur les routes humides, l’eau pénètre jusqu’à leurs petits orteils et les gèlent.
Sur le chemin de l’école, matin et soir dans le noir, les grands leur expliquent pourquoi de longues trainées roses ou oranges couvrent le ciel certains jours. Un événement important est en préparation, Saint Nicolas a allumé ses fours, pour préparer les délicieux biscuits couverts de sucre glacé de toutes les couleurs. Le grand Saint est le premier à ouvrir les festivités de cette préparation de Noël, car en décembre tous les jours sont sacrés.

L’autre matin, à l’église, le premier cierge de l’Avent a été allumée par le prêtre. Les petits ont compris que l’on se rapprochait de leur fête, celle où ils seraient gâtés par leur Saint, alors, dès la sortie de la messe, ils se sont mis à chanter:

Ô grand Saint Nicolas, patron des écoliers,
Apportez-moi du sucre dans mon petit soulier.
Je serai toujours sage comme un petit mouton,
Je dirai mes prières pour avoir des bonbons.

Venez, venez Saint Nicolas!
Venez, venez Saint Nicolas!
Venez! Venez Saint Nicolas!
Et tralala!

Et de chanter les tralalas en s’accroupissant et tapant des mains sur les genoux. La chanson, dite à tue-tête, montant de ton à chaque reprise.

NICOLAS un nom de famille


Lucie, née en 1911, n’était pas en reste pour chanter, surtout qu’elle avait une bonne raison de croire qu’elle aurait sa part de jouets. Évidemment quand on s’appelle NICOLAS, ont y croit plus fort que tous les autres.

- Tu peux chanter pour moi aussi, lui demandait sa copine de classe. Ton papa, il a des moustaches comme Saint Nicolas, il est de sa famille?
- Oui, oui, répondait, Lucie, innocente de la vérité derrière le conte.

Pendant ce temps, sa mère Victoire ROBLAIN (1881-1960) et son père Émile NICOLAS (1877-1946) préparaient dans le plus grand secret, les poupées de chiffons que le grand Saint apporterait dans l’assiette que Lucie aurait posé sur la table de la salle à manger, même ses petites sœurs  encore bébés seraient gâtées. Elle y placerait aussi un verre de lait pour le Saint et une carotte pour l’âne, celle-ci serait croquée et des traces de dents prouveraient qu’il était bien descendu, très mystérieusement dans la salle.

Et pourtant, la première guerre mondiale, faisait résonner ces canons du côté de Verdun. Lucie avait 3 ans en 1914 et donc 7 ans à la fin de la guerre. Heureusement, ces parents avaient songés à préserver autant que possible,  leurs petites de toutes ces horreurs. La vie était dure, mais Victoire avait de la famille en ferme, ils ne manquaient de rien.

Ainsi s’approchant du 6 décembre, les enfants devenaient de plus en plus sages, car la menace du Père Fouettard, les inquiétaient énormément. Cet homme avec un drôle d’habit, et un martinet à la main, avait la réputation de punir les enfants désobéissants.

La joie du matin du 6 décembre résonne encore dans les maisons à l’heure actuelle. Le réveil était rapide ce matin là, il fallait immédiatement vérifier qu’il était venu, remplissant, les assiettes de biscuits colorés, de noix, noisettes, amandes, mandarines et oranges, chocolats à l’effigie du Saint, pièces d’or en chocolat, pain d’épice, couques de Dinant au portrait du Saint et joujoux. Les massepains représentant les cochons roses, les pommes de terre, pêches, oranges, et pommes rouges étaient aussitôt croqués.  Les yeux émerveillés des enfants était remplis de paillettes, l’excitation était à son comble.  Lucie, ne manqua pas de crier au pied de l’escalier, un grand : Merci, Saint-Nicolas!

Les jours qui suivirent furent essentiellement consacrés à la découverte des nouveaux jeux. Et puis, L’Avent vit passer la Sainte Lucie, le 13 décembre,  décidément, elle en avait de la chance, une fête rien que pour elle!

A l’approche de Noël, le curé égrenait le temps qui se rapprochait de la fête chrétienne. Il rappelait, que c’était une fête de partage et d’accueil de l’étranger qui cherche refuge pour la nuit. Narrant encore, l’histoire de Joseph et Marie enceinte partis rejoindre Bethléem pour être recensés, cherchant vainement un logis. Qui frappant à toutes les portes et se voyant refuser tout hébergement, et finissaient par trouver une crèche pour y passer la nuit. Là, où Marie, mit au monde l’enfant-Jésus. Il contait aussi, l’histoire mystérieuse des Rois Mages découvrant l’étoile du Berger qui leur indiqua le chemin pour apporter les présents, or, myrrhe et encens à cet enfant-Roi nouveau né.

Au retour de la messe, Lucie voulut à tout prix construire la crèche. Mais les parents n’étaient pas d’accord, en effet, il fallait attendre les dernières jours, car le sapin allait perdre ses épines et ne ressemblerait plus à rien. Sa patience était mise à rude épreuve. Noël c’était la fête des grands, les petits recevaient souvent des mouchoirs ou un cadeau utile, mais la préparation des repas et des bonnes choses à manger l’ enthousiasmait. Même en temps de guerre, on est capable de faire la fête avec peu.

Le calendrier de l’Avent annonça le dernier dimanche avant Noël, une grotte fût fabriquée en chiffonnant du papier brun, les santons de plâtre tirés de leur carton, furent placés dans cet abri sous le sapin. On y déposa Joseph, le charpentier, Marie avec sa robe bleue, l’âne et le bœuf et rien d’autre, il fallait respecter le déroulement de l’événement. On mettrait le petit Jésus le 25 décembre pas avant, et les rois mages étaient loin de la crèche, ils progressaient lentement comme les bergers et n’arrivaient qu’à l’épiphanie, le 6 janvier.

NOËL, une famille dont le plus ancien est né un 25 décembre!


Dans la famille, Lucie appris très tôt que son grand-père s’appelait NOËL, elle en était fière, et ses compagnons d’école avaient du mal à y croire.

-  Deux chez toi et rien chez nous, ce n’est pas juste! Tu as NICOLAS et NOËL!
- Je suis très sage, répondait-elle avec toute l’assurance de ces six ans.

Marie Catherine Victoire ROBLAIN, la mère de Lucie et mon arrière-grand-mère était la sixième d’une fratrie de dix enfants, son père s’appelait Pierre Joseph ROBLAIN (1842-1912), sa mère s’appelait Marie Marguerite NOËL, (1845-1910). Victoire dont le prénom a été préféré après la victoire de 1918,  avait épousé Emile NICOLAS le 10 août 1910 et malheureusement perdu sa mère vers cette année là. Si bien que Lucie, ne connu pas sa grand-mère.

Marie Marguerite descendait d’une longue lignée de NOËL, provenant du Luxembourg, dont les changements politiques, les ont fait tour à tour français, luxembourgeois, autrichiens et puis finalement belge.

Son père, était Jean Baptiste NOËL (1816-1862), et sa mère Marie Marguerite GERARD ( 1820- 1885)

Son grand-père, était Jean François NOËL (1776-1844), et sa grand-mère Marguerite FINEUSE (1780-1804)

Son arrière-grand-père était Pontian NOËL, né le 25 décembre 1748 à Habaru, Léglise, Luxembourg, Pays-Bas autrichien (à l’époque) et décédé le 10 février 1815, son arrière-grand-mère était Marie Françoise BOSICARD (1749-1818)

Son arrière- arrière-grand-père était Jean NOËL en résidence à Habaru, en 1766 et marié avec Madeleine JACOB.

Nous perdons ensuite la trace du père NOËL, qui je n’en doute pas vient du Nord, les recherches sont encore en cours et Rodolphe le renne, m’aide à transporte le courrier sur les voix impénétrables du net.

Les petits commentaires inscrits dans cette histoire m’ont véritablement été racontés par ma grand-mère Lucie NICOLAS. Comment voulez-vous que j’oublie mon âme d’enfant?  Je vous laisse, je vais préparer les biscuits au gingembre et les pains d’épices… Les mains pleines de farine, je vous souhaite un très joyeux Noël à tous.

Généalogie : NICOLAS, NOËL, ROBLAIN, GERARD, FINEUSE, BOSICARD, JACOB