H comme hérédité: 26 lettres pour un Généavoyage





 
H


érédité et transmission. De retour à Bruxelles, La conversation avec Emma et Leiah reprend. Le sujet ? La transmission génétique.  Sujet connu en Belgique car  le Roi Baudouin des belges (1930-1993) était atteint d’hémophilie. Cette maladie aussi appelée « maladie royale » lui est venue par la Reine Victoria du Royaume-Uni (1819- 1909) qui l’a également transmise à sa descendance dans les familles royales d’Espagne, d’Allemagne et de Russie. Son arrière-petit-fils, le grand-duc et tsarévitch Alexis Nikolaïevitch Romanov de Russie (1909-1918) fût comme Baudouin atteint de la maladie héréditaire.


 Victoria[1] se maria avec Albert de Saxe Cobourg-Gotha qui était son cousin germain et ils eurent neuf enfants. On ne sait pas comment elle a développé le gêne mais on connaît la descendance[2] qui en est affectée. Victoria ci-contre

Le mariage consanguin est un mariage entre deux individus ayant au moins un ancêtre commun. Ils sont en général interdits par la loi ou par la coutume quand le degré de parenté est trop élevé.
Il arrive que l’on demande une dispense de consanguinité afin de célébrer le mariage. Deux voies : le droit français et le droit canonique de l’église catholique. Pour le droit français c’est le président de la république qui donne sa dispense. (Détails en fin d’article)

Pour le droit canonique : La proportion des mariages consanguins est assez aisée à évaluer dans les pays catholiques car ils ont besoin de l’autorisation de l’archevêque ou du pape pour pouvoir contracter un mariage consanguin[3]. (Détails en fin d’article)

Emma me demande : Mais quel rapport avec notre famille ? Eh bien, nos recherches en généalogie nous font parfois découvrir des mariages entre cousins. J’ai un peu de mal à me le rappeler pour le moment, mais je me souviens de mariage de collatéraux entre cousins germains vers 1700.  L’affaire avait été compliquée à élucider et il avait fallu poser toutes les notes en tableau pour retrouver qui était qui. 

La question récurrente est : Il y a-t-il une tare parce qu’il y a un mariage consanguin ?

Notre vision de l’hérédité est très ancienne ; pour les animaux, les éleveurs cherchent à conserver des traits de caractère qui les intéressent afin de sélectionner leurs points forts. On peut donc dire que la sélection est positive. Les sujets malades sont éliminés de la reproduction. C’est de la sélection génotypique.

Pour les humains, dans le temps, le choix des mariages consanguins se faisait de manière à  conserver les terres ou la fortune ; la sélection était économique. Un mariage consanguin va-t-il forcément provoquer une tare ? Non. Car il faut qu’elle soit présente chez l’individu qui se marie pour qu’il puisse la transmettre à ses descendants.

Si  - et cela arrive – la population qui pratique les unions consanguines ne porte pas de gènes tarés, alors les mariages apparaissent sans danger. Toutefois il est très difficile de savoir à l’avance si les individus concernés sont porteurs ou non d’anomalies génétiques ; c’est donc, comme bien souvent, à la grande loterie de la vie que nous nous en remettons.

Droit français : le mariage est interdit si les deux personnes prétendantes au mariage sont :

·         frère et sœur, même en cas d'adoption.

·         ascendant et descendant (le lien de parenté est direct entre enfant et parent), même en cas d'adoption.

·         entre beaux-parents et gendre ou belle fille (ex: une fille d'un premier mariage et le deuxième mari de sa mère). Cette interdiction peut être levée par le président de la République si la personne qui a créé l'alliance est décédée.

·         oncle et nièce, ou neveu et tante (interdiction qui peut être levée par le président de la République).

Le droit français autorise cependant le mariage entre belle-sœur et beau-frère, entre cousins, entre oncle et nièce adoptive et entre tante et neveu adoptif.


Droit canonique de l'Église catholique

Il prohibe les mariages entre personnes parentes entre elles en ligne directe (père-fille ; mère-fils) ou en ligne collatérale jusqu'au quatrième degré inclus. Sachant que le nouveau Code de droit canonique suit, comme le droit civil français, le droit romain pour le mode de calcul de la consanguinité (en ligne collatérale, on compte toutes les personnes sauf la souche commune), le quatrième degré en ligne collatérale correspond donc aux cousins germains.


Le canon 1078 disposant toutefois qu'il n'y a jamais dispense de l'empêchement de consanguinité en ligne directe ou au second degré en ligne collatérale (frère et sœur), un mariage consanguin au troisième degré canonique (neveux ou nièce) ou au quatrième degré canonique (cousins germains) peut être conclu sous réserve d'une dispense émanant d'un évêque (cas assez exceptionnel).

Au-delà du quatrième degré (exemple: cinquième degré: neveux ou nièce "à la mode de Bretagne", sixième degré: cousins issus de germain...), il n'y a plus de de dispenses requises.

Sources et Liens


L’hémophilie : L’hémophilie, une maladie hémorragique héréditaire
Avec la collaboration du Pr Sébastien LACROIX-DESMAZES, équipe 16 Inserm UMRS 872, Centre de recherche des Cordeliers, Paris - Avril 2013.
 




[1] Victoria reine du Royaume Uni, sa généalogie

[2] La descendance de Victoria et Albert de SAXE COBOURG GOTHA
[3] Anthropologie physique dans ces rapports avec les sciences humaines volume I par Martine VERCAUTEREN et Rosine ORBAN - Université Libre de Bruxelles PUB 2014

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